Un peu d'histoire : l'église Saint-Adolphe occupe une place originale dans l'histoire locale en raison de sa commande et de sa construction par la Compagnie des mines d'Anzin mais aussi pour sa qualité architecturale. Le bâtiment dont les dispositions, et notamment le décor, ont été préservés en grande partie, est éclairant sur l'architecture industrielle du dernier tiers du XIXe siècle dans la région. La Compagnie des mines d'Anzin, tout comme celle de Lens, attachait plus d'importance à l'aspect architectural de ses édifices que les autres compagnies. Les ingénieurs des mines donnèrent une dimension plus urbaine aux cités dispersées dans la campagne. C'était le cas pour le hameau de Thiers, dans la commune de Bruay, fondée suite au développement spectaculaire de la compagnie à partir de 1848. Il se situait en bordure de l'ancienne fosse Thiers (sise sur le territoire de la commune de Saint-Saulve) et de la fosse Lagrange (Raismes). La Compagnie se substituait fréquemment à l'État défaillant pour doter, voire même édifier les écoles et les églises des villages dans lesquels elle avait des concessions ou des fosses. Elle supportait, outre les frais de construction et de maintenance, les frais des desservants et de célébration du culte. Les curés ou vicaires étaient dépendants d'elle, ce qui généra une certaine méfiance des ouvriers et des mineurs vis-à-vis de l'Eglise. À cette époque, la Compagnie possédait cinq églises consacrées au culte catholique (Anzin, Thiers, Saint-Waast, La Sentinelle et Arenberg). La genèse du hameau de Thiers et de ses équipements (église, écoles, ouvroir) est un bel exemple de cette conception de paternalisme religieux. Construite à partir de 1875, l'église, bénite en 1877, fut donc financée entièrement par la Compagnie. Les matériaux constituant cette église étaient ceux utilisés traditionnellement dans la région. La brique, avec l'apparition de l'architecture industrielle, gagnait ses lettres de noblesse et était mise en oeuvre avec goût et recherche. Le ciment Portland provenait de Boulogne-sur-mer. Les pierres de taille étaient extraites des carrières de Soignies, d'Ecaussines, de Tournai ou encore de Bazèches. Le carrelage composé de carreaux de terres cuites était produit par les fabriques d'Englefontaine et de Mortagne. Les parements ont été jointoyés à base de mortier blanc et de mortier noir composé de deux tiers de cendres de houille et d'un tiers de chaux de Tournai. Le système de charpente, composée de bois de chêne et recouverte en ardoises de Fumay, présente la spécificité d'être conçu pour être apparent. En effet, cette église n'est pas dotée d'un voûtement traditionnel maçonné. L'intérieur de l'église présente un décor très sobre. Tout l'ornement repose sur cette structure partiellement apparente des organes de charpente. La cité Thiers est l'addition de développements successifs avec des maisons jumelles. Certaines créent des alignements rythmés sur rue. D'autres sont isolées au centre de parcelles régulières. L'église Saint-Adolphe a été conçue comme un élément structurant du paysage du hameau de Thiers. Elle s'inscrivait du point de vue topologique dans la continuité des maisons déjà édifiées. Par ses volumes, l'élancement de son clocher et ses jeux de couleurs, l'église se démarqua des constructions environnantes tout en s'inscrivant dans l'architecture locale du coron qu'elle synthétisa. La Première Guerre mondiale éprouva fortement l'édifice. Les Allemands la dynamitèrent le 17 octobre 1918 - en même temps que l'église du centre-ville. Le clocher s'écroula, en partie, et la charpente de la nef fut soulevée. Elle fut reconstruite rapidement après la guerre. Avec sa nouvelle cloche Barbe-Françoise, elle est rendue au culte le 16 octobre 1921, avec une nouvelle décoration intérieure. Sa structure est à nouveau modifiée en 1932. Elle a été la propriété des Houillères du bassin Nord et Pas-de-Calais jusqu'en 1982, date à laquelle la Compagnie a cédé l'église à l'association diocésaine de Cambrai.
Mathieu
NB : cette église a été réouverte, après rénovation, en 2017